Anaïs des Princes de l'amour, ou l'Eve Nouvelle

Publié le par François POUYET

Ne suis-je pas ce serpent doucereux, armé d'une délicate flatterie, qui te soumit aux soubresauts du désir, et qui par l'agave sucrée de ses paroles te proscrit tout interdit ? Tu le sais bien, j'étais ce jour-là, enroulé à l'entour d'une branche, le visage malicieusement enfouis dans le creux de ton aisselle. Et tu engendras cette Chute de l'humanité par la force de tes dents. Le vin sucré de la Pomme de la Connaissance fut la dernière essence divine dont tes lèvres se firent une ripaille. Après cet affront, tes pieds cabossés gouttèrent à ce sentier piquant de cailloux aigres comme la rage, une fois expulsée du Jardin des Délices.
Plus tard, Péguy versa une prière-fleuve en ton nom, dont je ne lus que des fragments ! Milton, en te peignant de son génie poétique, recouvrit ton antre gracieuse de quelques unes de tes franges rousses pour en protéger la venelle charmante. C'est dans les fumerolles confus de sa cécité, qu'il dicta le récit épique de ton déclin cinglant.
Anaïs, tu es mon Eve, mon aurore et mon ponant ! Sur l'Occident de ton sein agonit la vertu après s'être émancipé incontinent en tes reins.
Je t'aime toujours et t'avoir tentée était acte d'amour et en cela tu es reine, déesse, belle, faillible, toujours écartelée par l'oasis des sens et la banquise craquelée des détresses...

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