La chasse spirituelle ou le Paradis Perdu retrouvé dans le Jura suisse

Publié le par François POUYET

Le soleil souriait aux premières rondeurs fastueuses du Jura, là-bas, dans la campagne suisse. Quelques vignes appesanties par leur solitude, s'hérissaient sur une colline chauve tandis que les demeures s'endormaient par ce beau jour d'été. J'étais en voiture, parti à la chasse aux rêves les plus fous dans une "Belgique" qui s'appelait "la Suisse" et mes sens cherchaient à l'horizon bleu une mystique cachée que je devinais dans le lointain. C'était le jour de ma communion solenelle avec les champs et les côteaux et les reflets blancs du soleil sur les eaux fredonnantes de l'Allaine.
J'avais, tel Rimbaud, des folies au coeur et j'irais parler tout seul au milieu des rues de Porrentruy pendant que les helvètes se riraient de moi ou s'attarderaient sur mon cas, stupéfaits. Je causerais avec les fontaines asséchées de la bonne odeur des cafés en été et de l'italianisme latent de certaines bâtisses romandes. Je ne cherche ni le profit, ne le travail, mais juste le Paradis Perdu dans le poème rimbaldien de la poésie jusque sur le parvis des banques qui pressurent dans leurs bureaux les marchands de devises aux yeux vides et infertiles. Je cherche la lumière d'un esprit saint, de l'immatérialité, de l'âme et du terroir, dans cette Suisse magique, versifiée comme un sonnet élégant et charmeur. Je suis en chasse spirituelle, je cherche quelque chose que je ne peux nommer, que seul mes sens pressentent et qui me suit depuis toujours.
Pourtant, ces Grands vêtus de noirs oeuvrant dans leurs bureaux, engoncés dans les méandres du secret bancaire, pourquoi ne font-ils pas comme moi, une chasse spirituelle dans le Jura Suisse et ses sapinières étroites ? Et je veux m'enivrer de cette lenteur qui ordonne et dirige les êtres et les éléments qui se meuvent ici, entre ces montagnes !
Pourquoi vais-je ici ? Qu'y a-t-il, sinon des chocolateries et des francs que des machines éructent lorsque vous entrez votre numéro de carte bancaire ? Moi, je le sais ! Il y a une chasse à l'infini ! Un Dieu, un Grand Chat, derrière la palissade du ciel et des propos démêlés au milieu d'un jardin, dans une ville, lorsque la nuit fait taire nos labeurs et nos fous rires ! Je serai à moi seul poésie, vin et fantaisie et la rigueur sourcilleuse de l'esprit synthétique suisse vacillera dans l'ivresse de mes délires !

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